La phase de mise à l’eau est délicate, surtout par gros temps.
Il est donc fortement conseillé de la préparer par une réflexion préalable détaillée et éventuellement de la répéter (sans aller toutefois jusqu’à la mise à l’eau réelle…).
Tout d’abord, l’abandon du bateau doit intervenir le plus tard possible : de nombreux exemples (Fastnet 79 notamment) ont montré que les chances de survie étaient aussi bonnes et même meilleures pour les personnes restées à bord de bateaux, même gravement endommagés et partiellement envahis par l’eau, que pour celles ayant choisi le radeau. Un instructeur m’a dit un jour : « n’embarquer sur le radeau que quand il faut monter dedans…. »
Les seuls cas où l’abandon doit être très rapide sont l’incendie généralisé et la voie d’eau très importante et incontrôlable.
La place du radeau de survie dans le bateau :
- Une mise à l’eau facile :
Pour faire face à ces cas d’extrême urgence, il est nécessaire de prévoir un stockage du radeau permettant une mise à l’eau très rapide, même avec un équipage physiquement diminué. Ceci exclue donc le rangement au fond d’un coffre qui va demander vingt minutes à deux piliers d’équipe de rugby pour dégager le radeau et l’extraire…
Certaines solutions d’emport répondent à ce critère (par exemple radeau à l’extérieur du balcon arrière ou sur la jupe), mais le risque de voir le radeau emporté par une déferlante est réel. Ce point doit donc être mûrement réfléchi.
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Heureusement, on voit apparaître de plus en plus sur les bateaux des solutions astucieuses et bien adaptées (par exemple Oceanis 31 ou SO 30i). |
Un chiffre souvent cité est que la mise à l’eau doit être possible en 15 secondes.
Il convient aussi que cette mise à l’eau soit possible sans équipement supplémentaire (pas de sangle à couper ou même cadenas à ouvrir (vu !)).
Dans les autres cas, il est possible de préparer cette opération plus calmement, notamment de rassembler le matériel à emporter (grab-bag, balise, documents) et de le sortir dans le cockpit (en l’assurant par sa longe sur un point fixe).
La mise à l’eau proprement dite doit être effectuée au dernier moment, le risque de voir le radeau endommagé par collision avec le bateau étant important.
Si ce n’est pas encore fait, capeler les gilets de sauvetage.
Si ce n’est pas fait en permanence (recommandé) fixer la drisse du radeau à un taquet ou point d’amarrage solide (ça parait bête, mais il y a eu des exemples de radeaux jetés à l’eau et partis à la dérive…).
Le radeau doit être mis à l’eau sous le vent, en essayant d’éviter tout obstacle (par exemple gréement en cas de dématage).
- La percussion du radeau :
La solution classique vue sur la plupart des films est de mettre le radeau à l’eau, le laisser s’éloigner et percuter la bouteille en tirant la drisse.
Une variante qui m’a été montrée par un instructeur est de délover la drisse à bord jusqu’à la marque d’alerte, en général à un mètre du bout (la drisse est très longue : 9 m mini pour la norme ISO, 12 m souvent), de l’assurer assez courte, puis de mettre le radeau à l’eau et percuter immédiatement : ceci permet d’éviter d’avoir à haler le radeau par la drisse pour embarquer, ce qui peut être très difficile vu le faible diamètre du cordage et la prise au vent du radeau si le vent est très fort (les démos sont rarement faites avec 60 nœuds de vent).
Monter à bord du radeau :
Ensuite, transférer le matériel dans le radeau (en l’assurant avant le transbordement par sa longe sur une sangle du radeau) et embarquer.
Les radeaux ISO sont sensés permettre d’embarquer en sautant dedans, à pratiquer cependant avec discernement.
Si l’embarquement se fait depuis l’eau, il y a débat pour savoir s’il faut faire monter en premier les plus faibles en les aidant depuis l’eau ou le plus costaud pour tirer les autres à bord : j’avoue ne pas avoir d’opinion sur le sujet.
L’embarquement terminé, s’éloigner rapidement du bateau et couper la drisse avec le couteau prévu (il est recommandé de se familiariser au préalable avec le couteau, en général non conventionnel..).
Lire la notice à l’avance est un plus certain. Certains constructeurs fournissent un CD ROM présentant le radeau et son utilisation, qu’on peut amener à bord pour montrer aux équipiers.
Faire une répétition d’évacuation n’est pas plus ridicule sur un yacht que sur un paquebot…