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Accueil du site > Littérature maritime > Les Beligoudins - aventures du capitaine Kerdubon > Les beligoudins - Fraternitas - 1987 chap 13

Rubrique : Les Beligoudins - aventures du capitaine Kerdubon

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Les beligoudins - Fraternitas - 1987 chap 13Version imprimable de cet article Version imprimable

Publié Juillet 2019, (màj Juillet 2019) par : Collectif Salacia   

Copyright : Les articles sont la propriété de leurs auteurs et ne peuvent pas être reproduits en partie ou totalité sans leur accord
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NDLR : merci à “Kerdubon” capitaine, marin, conteur et explorateur...

Vers la table des chapitres

chap 13 - Fraternitas - 1987



De retour à Kemer après notre virée en Turquie profonde, ce fut le réarmement du « Beligou » avec essais divers, retrouvailles avec les copains, ravitaillement et stockage, puis enfin appareillage début Juin pour une… petite remontée en couple avec un fort Meltem. La côte que nous longions nous donnait une mer relativement peu agitée

Ceneviz
Mouillages à suivre dans les deux anses sud et nord de la baie Ceneviz. Un cabestan antédiluvien qui devait encore remonter au sec les barques des pêcheurs il y a peu de temps vu son bon état me plaisait bien, mais je préférais mon guindeau

Cavus Liman puis, Finike
Avec cette fois le vent de face, le cap Cavus doublé. Nous sommes allés à Féniké. Les pêcheurs du banc local des menteux furent contents de nous revoir.

  • Les médailles çà marche ? Dit en riant de sa bouche édentée l’un d’eux.
    • Pensez... on décore même les cons... alors on a pas fini !

Uçagiz
Poursuite du voyage à Kékova dans la baie abritée d’Uçagiz. Tony le brigand avait hélas rendu son âme… au diable... ce n’était plus si drôle !

Kastellorizzo, puis retour à Kemer
Toujours vers l’ouest, nous sommes allés saluer Yorgos et nos amis à Kastellorizzo (Megistri) avant de faire demi-tour et revenir d’une traite à Kémer fin juin pour embarquer mon frère, son épouse et son jeune fils... Juju. Ils mirent leur sac à bord le 29.

Retour à l’Ouest vers Marmaris
Notre fine équipe remonta jusqu’à Marmaris par les escales classiques, en baie Cavus anse nord pour un pique-nique, à Féniké pour un ravitaillement général tellement moins onéreux qu’à Kemer faute de touristes, anse Gokkaya et face au village Ucagiz à Kékova. Nous avons monté au château, exploré le village sale et ravitaillé par les corbeaux avec regards sur les tombes lyciennes et la baie Tersane. Puis ce furent Kas et Megistri Castellorizzo où ont été reprises les habitudes chez Yorgos. Fort heureusement le meltem nous avait lâché la gratte, notamment au passage du cap Cavus, mercedes chanta, les dauphins acrobates nous accompagnèrent de leurs sauts magnifiques.

Voisinage national
Un soir, aux heures apéritives, nous étions verre en main en train de dire la messe du soir à base d’ouzo ou de retzina, lorsqu’ arriva un grand ketch bien connu de Nice et des manifestations du voileuses de Saint-Tropez. Il était affrété par un homme politique en train de laisser pousser ses grandes dents... ce qui ne me dérangeait guère. Par contre, alors que peu de temps avant à Rhodes précisément, nous l’avions vu ce bateau arborer nos couleurs bleu blanc rouge, il avait changé son pavillon Français pour celui de Panama. Je comprenais d’autant moins que le parti politique du locataire avait des côtés... ultra nationalistes.
Evidemment, alors que tout le long quai était vide à part quelques barques amarrées près de la halle du petit marché, il laissa tomber sa pioche, fila sa chaîne sur la mienne et se glissa cul à quai à ras de mes moustaches... « Un détail ! »... aurait pensé un certain homme politique s’il avait pu remarquer la chose !
Justement, comme Polichinelle sortant de sa boîte,c’est à dire des écoutilles menant aux cabines, apparut le patriarche.... Puis ce fut sa jolie fille avec ce qu’il faut aux bons endroits qu’il venait de marier. D’autres VIP inconnus de moi, dont l’heureux époux, accompagnaient le couple avec force courbettes comme sait le faire tout courtisan.
Ce petit grand monde enfila leur planchon à la queue leu leu pour aller au restaurant, en l’occurrence chez notre ami Yorgos, car il était sept heures pétantes... et chez nous en France, on est civilisé, donc à l’heure du Berger on met les pieds sous la table.
Evidemment Yorgos qui nous attendait pour vingt deux , comme chaque soir et comme c’était l’habitude chez les Grecs qui vivent décontractés, n’avait même pas allumé ses fourneaux.
Peu effarouchés par la diabolisation de notre voisin, nous sirotions, béatement nos potions magiques, lorsque Yorgos essoufflé arriva pour dire que nos voisins rendus au « little Paris »… bouffaient notre poisson !...

  • çà ne fait rien, je vais essayer d’en trouver d’autres chez des amis ! …ajouta_t_il d’un air désespéré.
    • Tu sais qui est ce type ?... Et tu sais qui il est ?...Va demander à l’instituteur au bistrot là-bas !... Le gargotier revint peu après
  • Je sais maintenant qui il est !...Je vais lui faire payer l’addition de tout le monde !...

A l’heure grecque, nous sommes allés dîner. Je ne vais pas vous conter notre gueuleton bien arrosé aux frais d’un parti politique, je n’avais jamais mangé de ce pain là... et jamais plus depuis !
Pendant que nous étions aux entrées, aux autres tables occupées par les gens du yacht sublime, devant un nombre raisonnable de bouteilles asséchées, on achevait le repas avec... des bâtons glacés ! Les convives parlaient avec la voix forte et l’assurance de ceux qui savent tout ! Heureusement notre table était la plus éloignée et j’écoutais les paroles bien plus intéressantes de ma famille.
Toute la durée de leur repas, une secrétaire affairée tourna... non pas la broche, mais la manivelle d’un téléphone datant de monsieur Graham Bell. Il était fixé à l’intérieur du restaurant. Elle vint plusieurs fois à la table du patriarche en se lamentant :

  • Je n’arrives pas à avoir Paris !

Sur le pont du grand plaisancier, jusqu’à une heure avancée de la nuit, nos voisins bien allumés dansèrent le rigodon et la gavotte en tapant des pieds quand il fallait. Leur haut-parleur en faisait profiter toute la ville ! En plus d’être nationalistes, je soupçonne ces gens d’être...régionalistes !


Kalkan
Continuant à remonter vers le Nord, le réveil matinal au mouillage à Kalkan nous offrit un beau cinéma. Le voilier qui était mouillé à leur côté, était loué par des Allemands qui étaient en pleine bagarre avec les autorités portuaires, lesquelles avaient de leur côté affrété la barque d’un innocent pêcheur.
L’affaire à la Clochemerle…était à la fois grave et…merdeuse si l’on peut dire. En effet un arrêté pondu (c’est le cas de dire) par les autorités locales interdisait aux yachts d’utiliser leurs WC. Les gentleyachtmen devaient aller aux toilettes publiques…c’est-à-dire les cabanes édifiées au bout du quai et bien sûr payantes. Une ligne de gosses postée sur le quai et la jetée était en observation pour vérifier le respect de l’arrêté. Or la pompe des WC des Allemands avaient refoulé une eau… douteuse et maronnasse ! L’amende était considérable !... Le plus drôle était que les toilettes publiques quant à elles, par un simple tuyau, étaient reliées directement aux eaux portuaires !


Vers Fethiye et le golfe de Goçek
Le Meltem perdant de sa force la nuit, l’oiseau Béligou fit de la navigation nocturne pour ne pas trop secouer ses puces. Au passage, J’ai constaté que deux phares importants…étaient éteints. Malgré tout, les 7 caps franchis, on finit par arriver à Fehtiyé.
Dans le golfe abrité, on se remit de nos émotions dans quelques criques sauvages que je connaissais bien : Sarsala, Behdri, Kizilkuyuk.

Retour à Marmaris
Encore quelques autres mouillages le long de la côte, dont Ekinçik et on arriva à Marmaris. C’était la fin de Juillet, ma famille en débarquant, croisa celle de Madame qui allait faire à son tour sa petite croisière.


De Marmaris au promontoire Triopon
Michel le beau frère habitué du voilier, son fils et sa bru, ainsi que le petit « Carabi-ti-ti » aux histoires délirantes prirent place, tandis que le caïd des bœufs des années passées également invité, arriva avec sa copine devenue sa femme légitime. Il y aurait du poisson frais à manger avec ces plongeurs, l’animation joyeuse n’allait pas manquer. Achetant son nouveau transit log, l’Officier de port me réclama un bakchich… il fallut marchander…Décidément je sentais que petit à petit, en Turquie, les choses deviendraient impossibles !
On fit un premier mouillage en baie Byzantine puis un second à Bozuk dans le Sud de la pointe de terre turque en face Rhodes. Il faisait une chaleur écrasante, et l’arrivée en fin de matinée était assez pénible d’autant plus que le manque de vent obligeait Mercedes à chanter son refrain.

La pointe Sud de cette partie de la Turquie franchie, ce fut un mouillage à Bosborun puis un accostage à Datça. Le mouillage à Cnide se fit sans qu’on retourne au restaurant qui avait gâché notre mérou il y avait peu de temps. Le pique-nique sur grill fut bien meilleur et les militaires ne nous prirent pas pour des pilleurs d’épaves.

Golfe de Kos
La pointe de Cnide doublée, on fila au fond du golfe Kos pour y faire pas mal de belles escales dans des baies ou derrière des îles à Yedi Alar, Sehir, Tuzla et Cokertme.
Sur cette côte montagneuse, peu de routes arrivaient à la mer, pas de villes… C’était la campagne profonde avec ses us et coutumes, loin des touristes et des yachts qui foncent d’un grand site à un autre.


Le déménagement d’une famille fut intéressant à observer. La mule avait un chargement pas possible, et Au cul de la charrette, la cuisinière à bois était calée dans une baignoire. Tout se passait bien semble-t-il !

L’ambiance était bonne et les soirées joyeuses. Au mouillage dans le golfe de Mandalya pas très loin de l’entrée sur la côte est, nous avions trouvé comme d’habitude une anse abritée, du meltem, elle était bien calme. Le secteur était désert. Une seule mauvaise route de terre menait à un petit phare... abandonné. Il paraît que maintenant des maisonnettes pour touristes y ont poussé comme champignons à l’automne... c’est le sort des zone côtières.
Un après midi, mes crapauds plongeurs allèrent chercher les poissons du soir. Ils ramenèrent une amphore nicosthenienne caractéristique par son col et son pied... plat, tirée d’un tas provenant d’un navire antique coulé à cet endroit. Partout il y avait des épaves, je ne parle pas des navires torpillés ou bombardés lors des derniers conflits, mais des épaves dites « antiques ». Les archéologues en répertorient le plus possible, ce qui fait un résultat tel, que les amphores, poteries, ustensiles et instruments de navigation depuis l’ancre de pierre jusqu’aux clepsides, gnomons, sabliers et lampes à huile encombrent tous les greniers des musées de Méditerranée et autres lieux encore moins explorés par les amateurs d’art, d’histoire ou tout simplement des touristes curieux.
Couverte intérieurement et extérieurement de concrétions, il fut impossible de voir un cachet ou n’importe quelle marque indiquant le nom du destinataire ou du fabricant. Avait-elle contenu de l’huile, du vin ou du poisson ?... impossible de savoir l’amphore était muette.

  • Impossible de garder çà, c’est la tôle assurée !... Tu ne compte pas emporter cette potiche par avion ?... Ils remirent l’amphore avec ses sœurs… dans une autre épave…sur un autre site…d’époque différente, lors de l’escale suivante.
    • Comme çà, les archéologues s’interrogeront !... Ils demanderont aux astrologues la raison de la conjonction, ainsi qu’aux devins amphologues et probablement même aux psychologues... si les dieux ne sont pas tombés sur la tête le jour ou Bacchus pour les Romains, Dionysos pour les Grecs n’avait pas mis de l’eau dans son nectar !

Fin du trajet à Bodrum
Début Août, ce fut l’arrivée à Bodrum après un dernier mouillage dans une crique de l’île Orak.
L’oiseau Béligou fut retiré des eaux, le travelift le déposa dans un nid bien au sec sur son ber. La croisière estivale était achevée. Les invités se dispersèrent la tête chargée d’images, le sac bourré de souvenirs.

Madame et moi avions des envies de visite d’Istanbul pendant une semaine.

Istanbul

Partis visiter la « mosquée bleue » et « Sainte Sophie » et d’autres sites tout aussi remarquables, on eut la surprise le soir en rentrant de constater que notre chambre était…un dortoir, où paisiblement ronflaient d’autres clients… La nuit fut calme et le réveil matin parfumé... à l’oriental. Le lendemain on changea de crèmerie pour une véritable chambre... à nous seuls... et à air... en raison d’un carreau cassé.
La visite de la ville reprit par celle du Palais Topkapi, le pont et la tour de Galata où nous mangeâmes les petits poisson frits aussitôt pêchés. Visite également d’autres lieux touristiques dont le musée.

Tout cela rempli d’images notre boite à souvenirs qu’on égrènera…le soir à la chandelle quand nous seront devenus bien vieux... et pas trop gâteux !



Kerdubon

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