...et pourtant réalisée en Grèce
J’explique d’abord le contexte :
Haize Egoa (mon fier navire) est équipé depuis 1998 d’un grand frigo composé d’un coffre sur mesure fabriqué en Turquie et d’un groupe froid (compresseur 220V refroidi à l’eau de mer, plus grosse plaque eutectique) de marque CLD Marine installé par votre serviteur, sans l’onduleur dédié qui était à mon goût vendu beaucoup trop cher à l’époque par CLD.
Cet ensemble m’a donné pleine et entière satisfaction pendant 13 ans, jusqu’à cette année où après avoir parcouru les 10 premiers milles de notre croisière, je me suis aperçu que le groupe tournait en continu pour une température de cuve qui ne descendait pas en-dessous de 8°C. Avec ce genre de groupe très gourmand en électricité et qui n’est censé fonctionner que 3h par jour au maximum (pour une température de cuve de 5°C sous la trappe), ce n’était pas viable au mouillage.
Demi-tour, donc, et retour à la marina (Evros SA à Leros) qui, prévenue par téléphone, m’envoie très rapidement son frigoriste.
Diagnostic de l’homme de l’art : il manque un peu de gaz dans le circuit (il ajoute que ce n’est pas surprenant, après 13 ans, puisque d’après lui les pertes se manifestent surtout lorsque le frigo est à l’arrêt et que ces arrêts, parfois de longue durée, sont fréquents sur un bateau. Ce que j’ignorais).
En conséquence, il n’y aurait qu’à remettre un peu de gaz si ce gaz n’était du R22 qui n’est plus commercialisé pour des raisons de trous dans la couche d’ozone. Il est paraît-il encore licite d’utiliser du R22 de récupération, mais plus pour très longtemps. De toutes façons, notre homme n’en a pas. D’après lui, la seule solution serait donc de changer l’ensemble du groupe (compresseur + plaque) pour un ensemble fonctionnant avec un gaz autorisé.
Ca m’embête quand même d’investir plus de 800 Euros pour changer un truc qui fonctionne très bien avec une charge en gaz suffisante. Je me branche donc sur Internet pour voir s’il ne serait pas possible d’utiliser un gaz de substitution. Résultat : c’est possible avec du ISCEON MO 29 (du Pont) à condition de purger complètement le R22 et de changer tous les joints et le décanteur.
Je me précipite donc pour commander une petite bouteille de MO 29 (chez Kontes,
La solution :
Face à ce coup du sort, retour sur Internet pour demander sur différents forums s’il est possible de compléter une charge de R22 avec du MO 29. La réponse de tous les frigoristes qui veulent bien répondre est un « NON » franc et massif qui appuie le « NON » tout aussi catégorique de mon frigoriste grec. En désespoir de cause, je note la composition du MO 29 (trois gaz), la nature chimique du R22 et vais sur un forum de chimie poser la question de la compatibilité de ces 4 gaz. Réponse d’un chimiste : il ’y a aucune incompatibilité et, pour lui, ces 4 gaz peuvent être mélangés sans crainte d’interaction ou autre.
Mon frigoriste refusant de prendre la responsabilité d’une action aussi sacrilège, il me prêtera son manifold après un petit topo sur la façon de procéder. J’ai donc rajouté quelques dizaines de grammes de MO 29 à mon R22 défaillant en priant pour que le chimiste ne se soit pas trompé.
Eh bien c’est un franc succès : le frigo tourne sans souci avec cet affreux mélange depuis le 15 juin. Au plus fort de l’été, j’étais revenu à mes 3 heures de fonctionnement par jour avec une température de 5° juste sous la trappe. Coût total de l’opération (en dehors des frais de stationnement à la marina) : une centaine d’Euros pour le gaz et son transport, 35 Euros de frigoriste. Et il me reste plus de 4kg de MO 29. Depuis, j’ai acheté un manifold et une sonde de température spéciale et je suis prêt à toute éventualité
Ce message est destiné à tous ceux qui ont encore des vieux frigos : ne vous laissez pas faire par un frigoriste qui vous proposera de tout changer parce qu’un peu de gaz introuvable de nos jours s’en est échappé.
Peio
Haize Egoa