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Technique pour repeindre sa coque au pinceau ou au rouleau ? 2 novembre 2018 05:31, par alexlHello Kp10Pias
Je confirme : tu « réponds tardivement », et la messe est dite (enfin bref, le bateau est peint :
Ta réponse est parfaite, cela dit, et je regrette de ne pas l’avoir lu avant.Ca me servira pour la prochaine fois (quoique la « prochaine fois », j’essaierai d’acheter un bateau avec une peinture de coque pas trop pourrie, si je peux...)
Je vais commenter ta réponse au regard de mon expérience de peintre du dimanche... et en espérant que cela évitera à d’autres de faire les même erreurs ou subir les mêmes déconvenues que moi...
Je vais rentrer dans les détails, en me mettant dans la peau du néophyte complet que j’étais au début, car je n’ai jamais peint quoi que ce soit de ma vie, et j’ai « découvert » au fur et à mesure.
Le consensus se fait généralement sur l’utilisation d’une peinture « bi-composant ». C’est quoi ?
c’est une peinture qui est vendu sous forme de deux pots, un pot de peinture proprement dite, et un pot de durcisseur.
On mélange la peinture et le durcisseur, pour que la peinture durcisse et se transforme en une sorte de peau plastique sur la coque du bateau. Sans durcisseur la peinture ne sèche pas et reste à l"état liquide.
Avant de l’utiliser, on rajoute au mélange durcisseur/peinture, un troisième composant : le diluant, pour augmenter ou diminuer la viscosité de la peinture. La proportion de diluant est importante car elle permet d’obtenir une peinture qui n’est ni trop « pateuse », ni trop « liquide ».
si la peinture est trop pateuse, elle ne se lissera pas correctement (autrement dit on verra les marques de pinceau ou de rouleau), et si elle est trop liquide, on risquera des coulures.
Avant toute chose, il faut lire soigneusement les instructions du fabriquant pour un mélange correct du durcisseur et de la peinture. c’est bien indiqué sur les notices des fabricants que l’on trouve sur internet et parfois sur le pot lui même.
Premier essai et première erreur : j’ai commencé par peindre sur les recommandations d’un « copain qui sait » , j’ai peint directement après un ponçage léger sur l’ancienne peinture.
Puis j’ai mélangé durcisseur et peinture dans les proportions, comme me le disait le shipchandler, 2/3 peinture 1/3 durcisseur....sauf que j’ai pesé la peinture et le durcisseur pour respecter ces proportions....et les proportions sont donnés sur la notice « en volume » et non « en poids ».... et la densité de la peinture et du durcisseur sont très différentes....donc en clair j’ai mis trop de durcisseur...
...d’où l’importance de lire très attentivement la notice de la peinture !!
Résultat de cette première tentative :
On a travaillé à deux, l’un passant le rouleau type « pate de lapin », l’autre le pinceau type « spalter ».
des traces de pinceau partout, et lorsque la peinture a été sèche et brillante, le moindre défaut de la coque, qui après ponçage était invisible, est apparu soudainement comme le nez au mileu de la figure !
Conclusion de cette expérience ratée (dans l’ordre) :
Poncer au grain env.300
Nettoyer à l« éponge, sécher, passer la main les yeux fermés sur le ponçage, il faut sentir qu’il n’y a aucune »vague« ou »aspérité« , on peut passer la main sur la coque lisse d’un autre bateau pour comparer et avoir une idée de ce qu’on doit ressentir sous la main. Vos yeux sont trompeurs, ils faut se fier au toucher (sensation »soie« ou »peau de bébé" sous la main, sinon c’est que vous n’avez pas assez finement poncé)
surtout bien nettoyer à l’éponge avant de controler au toucher sinon les particules de ponçage vont combler les trous et vous n’allez rien sentir.
C’est vraiment un gros boulot, mais si vous faites l’impasse là dessus, vous le paierez plus tard avec un résultat moyen
une fois que ça c’est fait : passer une première couche de primaire (peinture basique qui perment à la peinture « noble » bi composant que vous appliquerez ensuite de bien accrocher).
Attendez vous à une deuxième série de « ponçage », car le primaire va faire ressortir des défauts que vous n’aurez pas vus ou sentis sous la main.
A cette étape, il faut que je mette l’accent sur un détail important : l’importance de la lumière !
Dans l’hémisphère nord (en Europe, par exemple) : Supposons que votre bateau, sur son ber, pointe vers l’est, son tribord sera au sud, donc au cours de la journée, vous aurez le coté tribord éclairé alors que le coté babord sera dans l’ombre....
Croyez en mon expérience (ratée) : lorsque vous peindrez, vous aurez l’impression que le coté à l’ombre (babord), une fois terminé, est juste parfait ....erreur !! c’est juste que par manque de lumière vous ne verrez pas les défauts, les coulures, les coups de pinceau, les défauts de poncage non traités, etc....
Alors soit, vous avez un grutier sympa qui vous tourne le bateau au fur et à mesure que vous peignez les deux cotés (on peut rêver), de façon à ce que le coté sur lequel vous travaillez soit toujours exposé sud. Soit vous orientez le bateau de façon à ce que sa proue pointe au nord ou au sud.
Il y a une troisième solution qui pourrait fonctionner (mais que je n’ai pas essayée) , ce serait d’utiliser un projecteur de chantier pour éclairer la partie à l’ombre ou lorsqu’on peint par faible luminosité extérieure.
Concernant la technique de peinture proprement dite, je suis tout à fait d’accord avec toi, il faut éviter les rouleaux « patte de lapin » ou « velours » et privilégier les rouleaux type « mousse » pour laque qui laissent moins d’effet « peau d’orange ».
Ensuite, la technique du spalter est exactement celle que tu décris, le but est juste d’effacer les micro bulles créées par le passage du rouleau. Pour décrire comment il faut passer ce spalter, entrainez vous à passer un plumeau ou une plume d’oiseau sur votre avant-bras en essayant de le sentir le moins possible. C’est exactement la pression que vous aurez à exercer sur le spalter pour « effacer » les bulles du rouleau. Donc, on voit bien que c’est très très très léger.
Ce que je regrette (après la deuxième tentative) :
Ne pas avoir lu calmement, attentivement, et à tête reposée la notice du fabricant relative à la mise en oeuvre de la peinture.
Ne pas avoir fait d’essai préalable des différentes techniques/rouleaux/mélanges, sur, disons, deux mètres carrés de coque...faire un essai sur une petite partie de la coque, ça permet de peaufiner sa technique, de ne pas se décourager si c’est raté (vu la petite surface), et de ne pas gacher trop de temps, argent et peinture sur l’intégralité d’une peinture de coque.
Avoir travaillé à deux. Seul, comme tu le dis, c’est mieux en utilisant ta technique de petites quantités (pas plus d1/3 de litre à la fois mélangé dans le pot) et deux rouleaux et deux spalters. (un qui trempe dans le diluant et l’autre qui est utilisé pour peindre)
Ne pas avoir soigné la préparation : ponçage et appret
Ne pas voir orienté mon bateau correctement par rapport à la lumière du soleil.
Avoir peint par trop fortes températures extérieures (à ma décharge, rien n’était indiqué à ce sujet sur la notice du fabricant), à mon avis, il est illusoire de vouloir peindre correctement au delà de 20°C en extérieur...
Ne pas avoir utilisé de viscosimètre pour mesurer la quantité idoine de diluant à rajouter dans le mélange peinture/durcisseur....les 10% indiqués par le fabricant n’était pas clairement suffisant pour une peinture en extérieur et en été en méditerranée.
Bref, au bout du compte, à la deuxième tentative, avec un mélange correct et un meilleur ponçage, ma peinture est loin d’être parfaite, quand on inspecte ma coque à un mètre de distance, on voit clairement que c’’est peint à la main....mais à deux trois mètres, on a l’impression que c’est un bateau neuf, c"est pas parfait, mais ça me suffit, et comparé à l’état de la coque initial, c’est beaucoup mieux...
Je ferai mieux la prochaine fois...:D