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Publié Avril 2018, (màj Avril 2018) par : Collectif Salacia |
NDLR merci à “Kerdubon” capitaine, marin, conteur et explorateur...
note [1]
Klaxon hurlant, le taxi leur fit descendre la montagne, moteur stoppé... cela devait être la mode, mais freins pratiquement...inexistants. La vieille guimbarde n’était plus qu’un souvenir, ou un accessoire dans le catalogue du constructeur en… 1926. Ils eurent bien plus peur, que dans le temple ! note [2]
Finalement, ils débarquèrent sains et saufs sur le boulevard du front de mer, étonnés d’avoir échappé en si peu de temps à tant de risques mortels, notamment lorsqu’un tricshaw note [3] chargé d’un amoncellement de vanneries, fut envoyé dans... le décor. Une sorte de bistrot du genre paillote sur pilotis au-dessus de la mer les accueillit. Ils s’envoyèrent une bonne « mousse » bien fraîche et reprirent doucement leurs esprits, au fur et à mesure que les fumées emmagasinées se dégageaient de leur cerveau, à la même vitesse que baissait le niveau dans leurs verres.
Leurs pensées furent communes en voyant les navires au mouillage qui allaient retrouver la solitude avec la nuit, car déjà les derniers boats voulant amener à terre leurs marchandises avant la fin du jour palissant, s’en éloignaient. Les hommes de veille aux passerelles allumaient les feux de mouillages à la proue et la poupe des navires ancrés, tandis que les électriciens des bords allumaient les cargos au-dessus des cales béantes. En ces temps bénis... on ne travaillait pas la nuit, sauf en de rares circonstances, aucune averse nocturne, ni aucun coup de vent n’était à craindre cette nuit.
Un restant de houle lointaine, amena une série de petits rouleaux qui se brisèrent sur le sable et les enrochements qui protégeaient le boulevard maintenant éclairé par quelques rares lampadaires.
Avec la nuit, arrivèrent dans l’air sans un souffle de vent, des nuées de phalènes et d’insectes. Des moustiques de la taille des B 52 commencèrent leurs attaques en piqué. Le Garçon qui allait leur servir à dîner quelque spécialité inconnue, entoura discrètement leur table de tortillons allumés dont la fumée éloignait les kamikazes dévoreurs de sang frais. Des chauves souris crissantes, tracèrent des sillons de vide, dans les nuages d’insectes volants de toute nature massés autour du lampadaire proche. Quelque part, une musique calme, égrenait ses notes aigrelettes. Ils se régalèrent, sans chercher à savoir ce qu’ils avaient mangé... la bonne cuisine asiatique est tellement variée, qu’il vaut mieux ne pas trop se demander comment ni avec quoi elle est faite.
Ils jouissaient du calme et de la paix. Humant les bouffées de senteurs fleuries, notre jeune Lieutenant regretta d’avoir oublié sa bouffarde
Un trickshaw... sorte de pousse-pousse tricycle les emporta à bonne vitesse. L’homme pédalait sans effort apparent, cependant les muscles gonflés de ses mollets nus, montraient que nos amis n’étaient pas de plume, et qu’il ne pédalait pas... dans la semoule.
Par un petit sas, ils passèrent dans la pièce principale du bâtiment.
Un... deux... trois... quatre... les petits hommes jaunes entamèrent une série langoureuse de musique sucrée, de la véritable guimauve anglaise, sirupeuse à souhait. Les filles se ruèrent sur les marins parés pour recevoir l’abordage. Certains avaient du mal à trouver leur période de roulis très utile dans un calcul de stabilité d’un navire, pour ajuster leurs pas. Certes l’ambiance avait monté d’un ton, surtout lorsque deux Danois entraînèrent dans leur chute une poignée de gamines, qui poussèrent des hurlements stridents, comme des vierges effarouchées qui auraient été... culbutées ! Nous sommes toujours et de plus en plus loin... du Château d’eau... songea Kerdubon dont l’œil éveillé de Grand guillou... avait choisi la plus belle du lot. Avait elle seulement quinze printemps ?
Enfin l’orchestre... sans doute déchaîné, attaqua une série de slows. Poussant un gros soupir de satisfaction, la foule put... frotter à l’aise, ce qui allumerait bien des Allumettes... pas forcément Suédoises... même chez les Nordiques.
Le « Mézidon » comme d’autres, avait pratiquement deux mois de mer depuis son départ de Marseille, Chez les jeunes comme les plus âgés... heureusement, le naturel chassé, était revenu au grand galop. La nature a ses droits, et l’homme ses devoirs, pas question d’y déroger. Ces frottements avec mimis mouillés dans le cou spécialement parfumé, amenaient un paroxysme entraînant droit au... péché de la chair... pas trop chère au cours du dollar Malais et que les hypocrites ou faux culs... qui auraient la prétention de dire qu’ils étaient invincibles, en ajoutant la bouche en cul de poule : Pas d’amour vénal... que ceusses là... jettent la première pierre à Joachim et ses collègues de l’époque.
L’orchestre allait faire une nouvelle pause, sans doute pour permettre... le renouvellement des consommations de toute sorte... dans l’ordre et la gentillesse... à la baguette peut-être... mais toujours dans un gant de soie... car on ne peut pas dire qu’il s’était défoncé. Kerdubon fut entraîné par le désir, et sa ravissante Malaise, bien aise... d’être à l’aise... en gagnant aisément sa vie... par la pratique du... plus vieux métier du monde.
Sortant de la salle bien éclairée, ils se retrouvèrent dans un couloir complètement obscur. La charmante gamine le tirait par la main. De l’autre, Joachim tâtait le mur moite au plâtre écaillé par endroits. Toujours dans la nuit, ils grimpèrent un escalier de bois, l’établissement possédant ses chambres à l’étage.
Une vague lueur semblait venir d’une imposte très haut placée. S’habituant à la nuit seulement éclairée par trois ou quatre étoiles tremblotantes là-haut, son œil salace devina la silhouette féminine en train de se dévêtir... Au diable les ténèbres... l’amour est aveugle c’est bien connu... le “short time” fut utilisé au maximum, il s’écoula merveilleusement, le handicap était refait il ne serait plus en retard d’affection... La vie est belle... songeait notre ami, puis : mais où ai-je mis mes braies ?... Et il tâtonna à nouveau. Son amie frotta une allumette pour enflammer la mèche d’une bougie, afin de faciliter les choses.
Il n’existe pas de mots pour décrire tout ce qui lui passa par la tête en quelques instants... C’était aussi incroyable qu’inattendu.
Ils burent sans parler, accompagnés des filles goguenardes, qui avaient gardé leur table en leur absence. Joachim de son regard noir et furieux balaya la salle du regard. Il savait qu’il était inutile de chercher à retrouver... un fantôme... une ombre... dans ce théâtre de la vie, il se mit soudain à rire... C’était décidément trop drôle ! Et il repartit danser... avec la plus jolie des filles... qui l’entraîna dans les étages à son tour... mais il avait pris soin d’emporter un briquet... et ce fut parfait... quoiqu’il se soit parfois demandé...si la première escalade... n’avait pas été la meilleure de la soirée.
Lorsqu’ils quittèrent l’établissement à sa fermeture, les tenanciers avaient allumé une forte ampoule à l’extérieur, dans le but de faciliter les embarquements parfois périlleux, dans les trickshaw, particulièrement... instables... pour certains de leurs bons clients particulièrement... fatigués.
Sur la muraille lépreuse du dancing qui se vidait, une main malhabile avait écrit avec un charbon quelconque : MERDEKA !
Kerdubon
[1] Le wayang ou théâtre d’ombres est un spectacle traditionnel et populaire dans les îles de Java et Bali. Wayang signifie « ombre ». Sa forme la plus courante est le wayang kulit. https://fr.wikipedia.org/wiki/Wayang
[2] les serpents tentateurs http://www.plaisance-pratique.com/E...
[3] Triporteur, poussé ou motorisé https://fr.wikipedia.org/wiki/Rickshaw
[4] Indonsie, les arts : https://www.universalis.fr/encyclop...
[5] traduction du breton : dieu me maudisse ou es-tu donc, garce ?
[6] accent typique breton, rouge se prononce rouche